Au fur et à mesure qu’on s’approchait d’Istanbul, megalopole aux 16 millions d’habitants (sans compter les réfugiés et touristes), la route s’est transformée en nationale, puis en autoroute. Sur ma route il y avait de nombreuses voitures de la polis ou des jandarma, mais qui, à y regarder de plus près, sonnaient assez creuses. A 20 km du centre-ville, on se serait cru à peu de chose près sur le ring de Bruxelles. On a donc décidé de prendre un transport en commun pour rejoindre l’appartement qu’on avait loué et dans lequel on est finalement resté 6 nuits. Une fois les vélos rangés sur la terrasse, on est parti à la découverte de la ville.
Au lieu de vous citer toutes les merveilles qu’on a visitées et dégustées (et oui… ici les règles covid ne s’appliquent pas aux touristes…!), et que je vous laisse apprécier en photos, je vais plutôt m’attarder sur quelques faits divers et anecdotes. Sans nos vélos, on a quitté l’identité des voyageuses-baroudeurs pour retrouver celle des touristes, et ça s’est fait ressentir !
Au détour d’une ruelle, Rhea a salué d’un simple mehraba un homme assis sur un trottoir, comme on en salue des dizaines par jour. 2 min après, ce même homme nous dépasse et, empressé, fait tomber une brosse de l’attirail qu’il trimbale. Je la ramasse et le rattrape pour la lui rendre. Il ne se passe alors pas 15 secondes avant qu’il n’ait déplié un établi, attrapé mon pied, brossé ma chaussure, appliqué une épaisse couche de cirage noir, et raconté qu’il avait 3 enfants (photo d’une photo (!) à l’appui…). Aaaargh, adieu la membrane gore-tex. Mes chaussures brillent mais ne respirent plus. Quand à la fin il me réclame 19 TL, je trouve ça très gros, et ne lui en donne que la moitié, pour un service que je n’avais même pas demandé. Le pire c’est que Rhea n’était pas du même avis et s’offusquait que je discute le prix… jusqu’à ce qu’on en reparle par après et qu’on se demande si la chute de la brosse n’était pas si fortuite…
Autant le turc c’est du chinois, autant un certain nombre de mots sont particulièrement proches du français et permettent d’assez vite comprendre les enseignes de bâtiments: avise-büro-proje-plan, kuaför-barber, kanvas-tablo, reklam, şarküteri, otomotiv-motosiklet, Alo servis, tuvalet, aksesuar.
En Belgique, il serait déconseillé d’installer deux magasins vendant des produits similaires l’un à côté de l’autre. On aurait plutôt tendance à s’installer à un endroit où l’offre est faible. En Turquie et en particulier à Istanbul, c’est tout le contraire. Chaque galerie, allée du bazaar ou même quartier à son affectation. On cherchait une nouvelle cuillère en bois, 14 magasins en proposaient les uns à côté des autres. Idem pour les roues de brouette, les machines à laver, les services à thé, et chichas, mais ça on en avait pas besoin. Par contre, il nous aura fallut une après-midi pour dénicher un vendeur de petits drapeaux à accrocher à la canne à pêche qui sert de porte-étendard à l’arrière du vélo.
C’est dans la section bijoux du grand bazaar que Rhea est tombée sur la même paire de boucles d’oreilles que celle qu’elle avait achetée la veille dans un charmant petit magasin du centre, mais cette fois-ci à moitié prix. Peu fière de ses talents de négociatrice, Rhea à retraversé la ville pour se les faire rembourser. La vendeuse n’a pas discuté, à se demander si elle n’a pas l’habitude de cette situation. En chemin, on s’est arrêté pour manger deux portions de börek, une spécialité locale annoncée à 17 TL pièce. Quelle ne fut pas notre surprise quand on reçut une addition de 39.9 TL au lieu de 34 TL, pour 2.347 portions. Échaudée par l’affaire des boucles d’oreilles, Rhea a balayé l’argument bancal du vendeur qui disait qu’il nous avait servi des portions exceptionnellement copieuses, et payé le juste prix, na !
La plupart des grandes mosquées que l’on a visitées, telle Süleymaniye Camii, sont composées de plusieurs dômes. Les arches les soutenant se rejoignent en des colonnes rectangulaires appelées ’pattes d’éléphant’. Le terme est particulièrement bien choisi pour souligner la masse et immuabilité qu’elles dégagent. On a également appris que de nombreuses mosquées étaient érigées comme trophées de guerre, et qu’il était commun d’intégrer des colonnes monumentales importées des 4 coins de l’empire dans leur décoration. Quelle prouesse de transport et logistique cela a dû representer à l’époque… La beauté et la quiétude des lieux, combinées au confort d’être déchaussés et de pouvoir s’asseoir sur de magnifiques moquettes font que l’on a énormément apprécié ces visites, qui contrastaient fort avec le brouhaha du dehors. Pour s’y retrouver un peu plus d’ailleurs dans l’histoire de la Turquie et de l’empire Ottoman, on a regardé l’excellent documentaire Turquie, nation impossible d’Arte, que l’on recommande.
Dans le quartier de Beşiktas, connu sans doute pour son club de foot, on nous avait recommandé de manger des Gözleme, sortes de crêpes salées fourrées au fromage, patates ou épinards. La dégustation s’est vite transformée en cours de cuisine quand la vendeuse a tendu un tablier blanc à Rhea et l’a faite passer derrière le fourneau !
Dans ce même quartier, on a mangé pour la première fois un durum au cigköfte, spécialité kurde à base de boulgour et d’épices, que l’on nous avait recommandé comme super alternative végétarienne au köfte (boulettes de viande hachée), et qui ressemble assez fort à de l’américain préparé/martino. Renseignements pris sur internet, la ressemblance n’est pas fortuite car la recette originale contient bel et bien… de la viande crue. L’estomac serré, on n’est pas retourné demander sur place si c’était le cas, mais depuis on vérifie à chaque fois que c’est bien la variante végétarienne, ceci dit délicieuse !
Pour terminer, nous nous sommes également relookés en achetant deux pantalons un peu baba cool, histoire de rompre un peu avec nos vêtements techniques, et faits percer une oreille. La séance s’est terminée par une visite chez le coiffeur-barbier. Après 3 mois, il y avait de la masse à retirer, et ici ils ne s’y prennent pas aux ciseaux, mais à la lame avec une impressionnante dextérité !
La suite en Asie… !
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