Thrace orientale

Nos premiers kilomètres d’autoroute à la sortie du poste frontière nous amène à la bourgade d’Ipsala, en Thrace orientale, la partie ‘européenne’ de la Turquie, à l’ouest du Bosphore et des Dardanelles (tou.te.s à vos atlas). Les minarets ont ici remplacé les clochers, et les kebaps les pitas. Les commerces annonçant garajjantpneumatik, les banques et bureaux de change, et les otel sont nombreux: c’est clairement une ville-étape. On se remet de nos émotions et aventures transfrontalières en remplissant nos estomacs dans un köfte salonu (resto-snack, ouvert, Ô joie bonheur !) et continuons dare dare vers un village 10 km plus loin car la ville ne nous inspire que peu pour planter la tente. On y arrive à la nuit tombée et essayons à grands renforts de gestes d’expliquer qu’on cherche un endroit où bivouaquer pour la nuit. La première personne nous renseigne le terrain de foot, que la deuxième nous déconseille au vu des chiens qui y rôdent au profit d’un lac ’un peu plus loin’. 300 m en dehors du village, cette même personne nous rattrape sur son attelage moto-remorque et nous annonce tout sourire qu’elle a une meilleure idée. Demi-tour, direction la place du village où on nous ouvre un local, sans doute ancien bureau de commerce où deux canapés-lits et une kitchenette nous attendent. On s’endort comme des masses avant d’être réveillé une heure plus tard par la voix puissante et grésillante du muezzin émise par les hauts parleurs de la mosquée dont nous découvrons être voisins. Il en sera de même aux alentours de 4h30-5h00 du matin (lever du soleil), en tout 6 fois par jour.

Le lendemain matin, c’est la tempête, un vent à décorner les boeux, qu’on devine à la force avec lequel le drapeau turc flotte à côté de la statue dorée de Mustapha Kemal Atatürk sur la place du village, avant même qu’on ait mis les pieds dehors. Pas le choix, on va devoir attendre 24h que ça passe. Nombreuses sont les têtes curieuses qui viennent se pencher contre la vitre, ou toquer à la porte. Entre autre l’imam, qui nous fait visiter son humble mosquée et avec qui nous conversons par Google Traductions interposé autour d’un repas qu’il nous offre généreusement dans l’unique restaurant du village. Il nous partage un certain nombres d’enseignement sur l’islam, et flirtons avec les sujets plus sensibles tels que la place de la femme, la convention d’Istanbul et la politique intérieure et extérieure de la Turquie. Le reste de la journée, on le passe dans un des nombreux cay salonu à boire des petits verres de thé noir (pas une tasse !), où l’on peut profiter d’une connexion Wi-Fi pour planifier la suite, télécharger quelques podcasts, appeler la famille,…

112 km (notre record actuel) et quelques verres de thés plus loin, nous arrivons à Lüleburgaz, où Inanç nous accueille au sein de la Bisiklet Akademi, point de passage quasi incontournable pour cyclovoyageurs. À l’occasion de l’année du vélo, en 2017, la ville à construit une sorte de parc-vélodrome où enfants et ados peuvent gratuitement emprunter un vélo, et des locaux-ateliers pour accueillir le club de vélos et diverses autres activités liées de près ou de loin à l’univers des deux roues, dont l’accueil de cyclovoyageurs !

Le lendemain, on a décoré nos vélos et il nous a fait visiter les autres akademi (à chaque année son thème: innovation, football, femmes, environnement,… et sa débauche de moyens). Inanç est un peu amer quant au suivi et à la gestion de ces différents projets au potentiel énorme, mais rapidement laissés sans futur faute de moyens et managers motivés, plutôt que postés par le maire. C’est intéressant de se rendre compte de la réalité locale de ce genre de projets et de la comparer à la Belgique. Par exemple, Inanç déborde d’idées et passe son temps à demander des fonds à la mairie qui fait la sourde oreille. Quand on lui propose de mobiliser sur le sujet, de faire appels à des fondations, ou de lever des fonds à son initiative, il nous répond que cet impensable car il y risquerait soit son poste, soit que la mairie finance encore moins de projets car il aura prouvé qu’il sait se débrouiller autrement… triste, mais vrai.

Les 150 km d’autoroute restant jusque Istanbul sont sans grand intérêt. Le paysage est morne, la route toute droite, et les émanations gazeuses des nombreuses usines textiles rencontrées en chemin particulièrement nauséabondes. On fait étape à Silivri où nous faisons entretenir la transmission de nos deux vélos chez un revendeur Shimano. C’est également l’occasion de voir un pro à l’œuvre et de poser quelques questions quant à l’entretien et usure de nos montures. Ce soir-là, on dormira à l’hôtel, et pas n’importe lequel: l’hôtel de l’école hôtellière, tenu par des étudiant.e.s en formation, donc. Établissement gouvernemental, et sans possibilité de prouver ques nous sommes mariés, nous écopons de deux chambres séparées, et d’un peu d’intimité chacun de notre côté. Moi j’ai pris un bain, Rhéa je n’en sais rien !

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