Venise et le Südtyrol

Vu que Flixbus n’opère pas (ou très peu) en Roumanie, on a dû opter pour une solution de transport ‘locale’ afin d’arriver à Trieste en Italie. Naïvement, je pensais que Flixbus était la seule compagnie à proposer des trajets longue distance en bus à travers l’Europe. C’était sans compter sur la diaspora roumaine, et les fréquents aller-retours de milliers de personnes entre leur pays natal et le pays où ielles travaillent… ! A la gare des bus de Sebeş, les propositions sont donc légions. Nous choisissons finalement Giltrans (compagnie dont le site web avait l’air le plus convaincant, si pas rassurant). Les réservations se font par whatsapp, et pas de problème pour transporter nos vélos moyennant un supplément. Après deux heures d’attente à notre lieu de rendez-vous, à savoir le parking d’un resto-route (et sa terrasse qui, heureusement, retransmettait les JO), nous voilà partis. On apprend que le souper est inclus dans le prix du ticket, quel luxe. Pas de plateau-repas en cours de route, mais un arrêt dans une auberge avec qui la compagnie a sans doute un accord. La table était dressée à notre arrivée, et, fissa fissa, on nous a servi (une fois de plus) un bouillon de légumes, suivi d’une cuisse de ‘poulet’ accompagné d’une louche de polenta. Gloups, on a passé notre tour. On s’est contenté de sandwichs peanut butter-confiture dans le bus dans l’attente de retrouver la gastronomie italienne.

La compagnie nous avait annoncé qu’il ne fallait pas de test covid pour le trajet (ce qui correspondait à une interprétation assez… ‘particulière’ des mesures covid en vigueur dans les différents pays qu’on a traversé). La réalité est sans doute que le contrôle aux frontières se limite aux pièces d’identité pour ce genre de bus de passagers en transit, et que les contrôles sanitaires se font à destination. Les chauffeurs nous ont donc déposés incognito sur une aire d’autoroute près de Trieste, peu après la frontière slovène. Dans la précipitation, le levier de ma poignée de frein avant s’est brisé quand j’ai dû extraire mon vélo de la mer de bagages… une énième preuve qu’on peut mettre un vélo dans un bus, mais que sans remorque dédiée, les risques de dégâts sont réels. Pas de salut à Trieste : aucun magasin n’a cette pièce de rechange. La faute en grande partie à la pénurie qui règne suite à la pandémie et à un nouvel engouement pour le vélo. Tant pis, je me passerai de frein avant pour les jours à venir. Heureusement que les prochaines centaines de kilomètres seront plutôt plates.

Le soir de notre arrivée à Trieste, nous retrouvons Pauline et Simon, deux amis belges en vacances à vélo dans la région. Les retrouvailles se font dans un minable camping-village, idéal pour nous rappeler à la dure réalité des prix prohibitifs et faibles standards de qualité de la côte méditerranée. Par contre, le plaisir de revoir des têtes connues est énorme. Heureusement que nous avons planifié de rouler ensemble jusque Venise et d’y passer quelques jours tant on a de choses à se raconter et qu’une soirée ne suffit pas. Et puis c’est très chouette pour nous de pouvoir rouler ensemble et ainsi partager la réalité du quotidien de notre voyage à vélo, à commencer par quelques montées piquantes dans les environs de Trieste, suivi d’une bonne pizza napolitaine en terrasse à midi, et d’une glace ‘nocciola-cafe’ à 14h. La chance nous sourit quand, fatigués de la cohue de la côte, nous pénétrons dans un vignoble dans les terres pour bivouaquer ‘chez l’habitant’. Nous n’y trouvons personne, sauf un ami des enfants de la propriétaire chargé de garder la maison, faire les dégustations et tenir le magasin. On est clairement hors des heures d’ouverture (et tout transpirant), mais ça n’a pas l’air de le gêner. Après dégustation, le choix se porte sur un délicieux rosé pour accompagner les raviolis de notre repas. Seuls les moustiques jouent les trouble-fêtes, mais sans trop d’incidence car nous sommes passés ce jour-là dans une herboristerie afin de nous équiper. Le ventre plein et un dernier ballon (de rosé) à la main, on passe un merveilleux moment couché dans l’herbe grasse à regarder les étoiles, et papoter, encore et toujours !

Le lendemain, jour de notre arrivée à Venise, c’est l’anniversaire de Pauline. Nous nous réveillons donc de bonne heure afin de pédaler en matinée les 50 derniers kilomètres qui nous y amènent, et ainsi disposer de l’après-midi et soirée pour faire la fête en ville. Pour une fois, l’arrivée dans une ville est plus plaisante en vélo qu’en voiture. Nous avons en effet suivis des pistes cyclables dans la lagune qui nous ont directement permis d’arriver au Lido de Venise où se trouvait notre camping, sans traverser la zone industrielle des environs de Mestre. De là, fraichement douchés et sappés, nous avons pris un vaporetto (transport public fluvial) pour arriver dans la cité des Doges par sa plus belle entrée : la place Saint-Marc. Et le charme a directement opéré. Quelle beauté, où qu’on aille, où qu’on regarde. La journée se termine en terrasse dans un super restaurant… où le vin du vignoble de la veille est à la carte. Coïncidence… et gage de qualité !

Les deux journées suivantes, nous déambulerons simplement dans la ville (le routard à la main), à s’en mettre plein les yeux tant la cité regorge de merveilles : palais, ponts, impasses, places, églises,… avec comme carburant des cappucinno, Spritz (Select, une découverte !), pizzas et glaces. Quand, chaussé de mes nouvelles Birkenstock, je pars visiter avec Simon la biennale d’architecture, Pauline et Rhea en profitent pour dévaliser un magasin de bijoux. Il faut dire que Rhea me parlait d’acheter des bagues depuis plusieurs mois. Sans doute que les conseils avisés de Pauline furent plus concluants que les précédents miens. Ma dernière proposition n’ayant pas vraiment rencontré de franc succès. Il était pourtant beau ce chapeau…

Cette chouette virée en heureuse compagnie arrivera trop rapidement à son terme. Nos routes se sont séparées à la gare ferroviaire, où Pauline et Simon continuaient vers la Toscane, tandis que nous allions vers Padoue rendre visite à Saint-Antoine, et puis remonter vers le Nord, le Trentino-Alto Adige (Südtyrol en allemand, la deuxième langue officielle de cette région historiquement germanophone), et les Alpes !

La mer, la plaine, les moustiques, c’est bien, mais notre terrain d’aventure préféré reste la montagne. En chemin, nous découvrons la richesse (tout court, mais surtout des infrastructures) de cette région d’Italie. Les pistes cyclables sont de véritables boulevards, en sites propres, et dans un cadre époustouflant. Nous remontons la vallée du fleuve Brenta, et puis celle de l’Adige (en crue suite à de très très fortes pluies, non sans rappeler les images de la Meuse). Les fonds de vallées sont plats, verts, ensoleillées, et bordés de montagnes. Le paradis des cyclistes, et ielles y sont nombreux.ses. C’est d’ailleurs une région sillonnée chaque année par le Giro d’Italie dont nous allons emprunter le mytique ‘Passo dello Stelvio’ (48 lacets, 1800 D+, 2757m d’altitude) afin d’arriver en Suisse, non sans avoir d’abord réparé mon frein (aupar)avant !

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