A la sortie de Beaucaire, la plaine et la Camargue commencent, d’abord par de grandes cultures de céréales et de vigne sillonnées par de super petites routes, et clairsemées de magnifiques mas. C’est un peu comme le BW, ses fermes et ses chemins de remembrement. Le pied, quoi.
Le coucher de soleil a cela de pratique en ce qu’il coincide actuellement avec l’heure de couvre-feu. Pas besoin donc de regarder sa montre (qu’on a d’ailleurs oubliée en Belgique) pour savoir quand s’activer. Après notre petit stress de la veille pour trouver un endroit où planter la tente dans la banlieue d’Avignon, on décide d’aller directement demander chez des locaux si on peut s’installer dans leur jardin ou le champ. Quitte à tenter sa chance, autant commencer par les plus belles masures. Nous voilà donc sur le chemin d’entrée d’un mas à crier à tout vent : ’bonjour, il y a quelqu’un’ (les gens n’aiment généralement pas qu’on s’avance incognito sur leur terrain, nos vélos et nos appels sont nos meilleurs gages de sympathie). Jour de chance, au premier appel, Françoise se montre au balcon et nous répond ’oui oui, j’arrive’.
A 3 mois de la retraite, Françoise, parisienne, cadre sup’ dans une boîte d’assurance, teleworke dans la maison qu’elle a acheté il y a 30 ans et magnifiquement rénovée, époque où elle était free-lance et était tombée amoureuse de la région. Au lieu de la tente et du jardin, elle nous offre généreusement l’hospitalité et sa chambre d’amis. In fine, on passe une super soirée à discuter. Son indépendance, sa joie de vivre, mais aussi ses idées politiques (bien à gauche) nous ont tous les deux fort marqués. Le lendemain, quand on prend le petit déjeuner (à 10 h), elle est déjà au travail, mais nous invite à suivre avec elle la visioconference de rentrée où le PDG de la boite débite un discours neomanagerial impressionnant, so so 2021. On aura bien rigolé.
On remonte en selle, sous le soleil, vers Arles, capitale de la Camargue. On promet à Françoise de revenir une prochaine année pour le festival de photographie qui s’y tient d’habitude en été. Arrivés dans cette charmante bourguade, on fait le plein de délicieusetés à une pâtisserie locale (vive la France), et on récupère dans un tabac-presse une paire de sacoches pour le porte-bagages avant, commandées sur internet (bouhhhh, sauf qu’aucun magasin de la région ne les avait en stock… un peu dommage), sans oublier un mots fléchés (niv 2/3 pour les initiées) pour quand même faire vivre le commerce local et entretenir les neurones.
On pénètre un peu plus profondément dans la Camargue, et on est vite entourés d’enclos à vachettes (petits taureaux) et de chevaux (crin blanc oblige). On plante la tente ce soir là dans l’avant-cour d’une ferme. Le locataire étonné de nous voir débarquer répond à nos nombreuses questions sur ce qu’on a vu, et nous renseigne sur les chemins à prendre le lendemain… qui commence magnifiquement bien quand sa femme nous apporte un plateau petit-déjeuner gourmand (digne des plateaux desserts de chez Tété et Bebeth, pour les initiés).
On roule doucement jusque les Saintes-Maries-de-la-mer, où le genou douloureux de Rhea dit définitivement ’pause’. Après un lunch rapide sur la digue, le technicien me donne une visite guidée improvisée de l’arène où ont lieu les courses camarguaises (avec vachettes) et occasionnellement des corridas (avec taureaux espagnols de combat, très grosses bêtes qu’on a croisé au détour d’un chemin plus tôt dans la journée, et qui ont d’ailleurs chargés et tués deux cyclotouristes l’an passé en forcant la cloture…). Ensuite on file dans une auberge où on a réservé une chambre pour deux nuits. Heureusement il y a la télé et on peut regarder la finale de Ninja Warrior en mangeant nos pâtes cuisinées en catimini dans la chambre. C’est pas le grand luxe, et pourtant toute la région a des airs de Knokke-le-Zoute en mars-avril: soleil, vent froid, dunes, mer, et le Zwin local, à savoir le parc ornithologique du pont de Grau. Il faut dire qu’on recense en Camargue la moitié des especes d’oiseaux de la Méditerranée, et que c’était une super visite. On y a vu des centaines de flamands roses, c’était vraiment cool.
En route pour Marseille, on traverse la zone la plus polluée de France, celle du port de Fos, terminal gazier et pétrolier. Arcelor Mittal, Esso, Total, Ineos, Air Liquide, on se serait cru au salon des métiers de la faculté de bioingénierie. Heureusement, Christian et Sophie ont su nous remonter le moral le soir lorsqu’on a logé chez eux. Militants syndicalistes de toujours, on a partagé un délicieux repas vegan (pour changer) autour duquel ils ont essayé de nous expliquer la différence entre CGT et Solidaires. Finalement, nous sommes arrivés sains et sauf à l’embarquement du ferry pour la Corse, même si c’était pas gagné car à Marseille piste cyclable rime avec périphérique et code de la route avec pas grand chose. L’aventure continue !
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